NOA Partie 2

Nous attaquons maintenant la seconde partie du NOA où nous traverserons les provinces de Salta et de Jujuy (prononcé Rrurruy). Nous espérons ne pas être confrontés aux mêmes problèmes d'accès aux sites intéressants.

Cafayate - Province de Salta

Notre première destination est Cafayate, une petite localité réputée pour son charme et pour son vin : le Torrontes. Un blanc surprenant qui ne se fait qu'avec les vignes qui poussent ici, à plus de 2000 m d'altitude dans un milieu plutôt désertique.

Depuis Tucuman nous faisons le voyage en bus, celui-ci passe un col qui marque la séparation entre le versant vert et humide de Tucuman et le versant désertique de Cafayate. La route est magnifique, nous traversons quelques localités isolées au milieu de ces plaines désertiques entourées de montagnes pellées, rien de bien haut ne pousse mis à part les cactus.


Nous arrivons enfin à Cafayate, localité qui a du charme, ça ne nous était pas arrivé depuis le Chili. Cette petite ville est assez touristique du fait des vignobles qui l'entourent et de la très belle Quédabra de Las Conchas que l'on peut visiter d'ici. Cependant elle ne semble pas avoir été trop transformée, on y trouve encore des petits restaurants traditionnels dont la clientèle est principalement locale, proposant de délicieux plats à des prix très corrects. Nous avons par exemple fait de notre cantine le restaurant Hornito qui propose de délicieux Tamalles et Empanadas au four ainsi qu'un vin rouge en carafe très bon.

Nous avons envie de randonner, nous attaquons donc par la randonnée des 7 cascades aux abords de la ville. Des 7 cascades de ce chemin qui remonte le lit d'une rivière nous n'en verrons qu'une, à cette époque l'eau manque dans la région. Mais ça n'enlève rien à l’intérêt de cette randonnée qui est magnifique. Enfoncés dans le canyon formé par cette rivière nous progressons dans les accidents de cette rivière à travers les cactus, épineux et roseaux, le tout ponctué de rencontres avec des petits troupeaux de chèvres. La randonnée n'est pas balisée, notre fil conducteur est alors le son de l'eau du ruisseau qui s'écoule, ruisseau que nous traverserons un nombre incalculable de fois pour pouvoir progresser. Une rando comme on les aime !

Rando des 7 cascades


Rando des 7 cascades - La dernière et la plus belle


Rando des 7 cascades - Petite pause


Pour le jour suivant nous voulons vraiment explorer la quedabra qui semble fascinante. Sauf que sans notre propre véhicule la chose est un peu difficile car elle s'étend sur 50 km. Nous n'avons pas le choix que de partir dans une des excursions organisées par les agences de tourisme, heureusement nous sommes hors saison et le groupe du jour sera composé de 8 personnes. Notre chauffeur et guide connait très bien les formations rocheuses de la Quedabra et nous emmène faire le tour des plus incroyables en nous prodiguant des explications complètes ponctuées d'humour. L'action de l'eau et du vent ici ont fait des choses merveilleuses sur ces roches aux couleurs étonnantes, couleurs dues à l'oxydation des particules métalliques contenues dans cet amas de roches friables. Le vert pour le cuivre, le bleu pour le cobalt, le jaune pour le souffre ...

Quedabra de las Conchas

Quedabra de las Conchas

Quedabra de las Conchas

Quedabra de las Conchas

Quedabra de las Conchas

Quedabra de las Conchas - Ici l’acoustique est parfaite

Quedabra de las Conchas



















Ces décors nous ont bien plût et nous aimerions les explorer un peu plus en solitaire, le lendemain nous partons donc en randonnée dans une des vallées. Ça tape dur, on a bien chaud, mais ce retrouver tout seul au milieu de tout ça nous procure beaucoup de plaisir. Pour arriver ici nous avons pris un bus qui nous a déposé, seulement pour repartir deux choix s'offrent à nous: attendre le prochain bus ou faire du stop. Le stop n'est pas aussi facile qu'au Chili ici, les voitures ne s’arrêtent pas. On décide donc de s'arrêter sous un arbre et d'attendre le prochain bus à l'ombre quand un vieux camion Ford des années 80 s'arrête pour nous demander si on veut monter. Génial ! L'engin est digne des vieux films américains, il est énorme et a du faire vingts fois le tour du compteur, il très fatigué si bien qu'on atteint une vitesse de pointe de 60 km/h. C'est pas grave, on n'aura sûrement pas l'occasion de remonter dans un engin pareil et Marcelo, le chauffeur, a envie de discuter. C'est un peu un dialogue de sourd car avec le bruit du camion on ne comprend pas tout, mais on passe un bon moment.


Quedabra de las Conchas

Quedabra de las Conchas - Dans le vieux Ford de Marcelo


Ça nous donne l'occasion de faire une petite aparté sur les antiquités qui roulent encore en Argentine. L'Argentine a un gros problème avec sa monnaie qui fluctue en permanence, ce qui rend l'épargne incertaine pour les Argentins. L'investissement dans des choses coûteuses devient donc un vrai problème. A tel point qu'un marché de change au noir, le Blue Marcket existe pour échanger les pesos Argentins en Dollars et Euros et ainsi épargner dans une monnaie stable. C'est aussi pour cela que les Argentins exploitent leurs voitures jusqu'au bout, on trouve dans les rues des voitures Américaines et Européennes qui seraient en France de purs objets de collection.














Retour à Cafayate. Nous y avons rencontré deux Français, Marion et Kevin qui nous ont proposés de se joindre à eux pour louer une voiture depuis Salta afin de visiter la région. Ça nous éviterait de passer par un tour opérator. Car là encore les distances sont relativement grandes et les accès pas toujours faciles. Au début nous n'étions qu'à moitié emballés car ces lieux sont sur notre route pour la Bolivie, mais lors d'une seconde discussion ces deux mêmes Français nous ont évoqués leur projet de louer un van aménagé pour explorer le désert d'Atacama au Chili. Depuis le début du voyage nous nous demandons si nous passerions par Atacama, réputé pour être magnifique mais également très cher à explorer en excursion. Cette idée nous plait et nous décidons de changer notre itinéraire. Nous partirons avec eux en voiture, les laisserons à Jujuy où nous avons prévu de nous arrêter dans une réserve naturelle et partirons ensuite vers le Chili pour louer un van et explorer Atacama avant de rentrer en Bolivie.

Province de Jujuy

Kévin et Marion nous récupèrent donc à Salta avec une voiture Opel sous le sigle Chevrolet et nous voilà partis sur la route.

On the Road


Notre première destination est San Antonio de los Cobres, petite ville perchée à 3500 m d'altitude coincée dans une petite vallée désertique battue par les vents. Ici il fait une température ressentie de - 9°C, il y a deux jours on randonnait sous + 27°C, ça caille ! Dans la chambre de l'auberge que nous avons trouvée nous passons la nuit à un poil plus de 0°C, les Argentins n'ont pas encore intégré le principe de l'isolation thermique des bâtiments. Les trous autour des fenêtres sont bouchés par du papier toilette, sûrement par d'autres touristes frigorifiés. Ajoutez à cela l'altitude, nous passons ce que nous pouvons appeler une petite nuit.

San Antonio de Las Cobras - Lieu de désolation

Réveil de bonne heure pour partir vers le village de Susques où nous déjeunerons, c'est Paul qui prend le volant pour 100 km de piste, à plus de 3500 m d'altitude. Il n'y a pas un chat sur la route, par contre nous croisons des troupeaux de vigognes et des genres d'autruches. La sensation de liberté nous envahie. La piste défile sous nos roues pendant que nous admirons ces paysages monotones mais captivants. Nous croiserons tout de même un petit village d'éleveurs de lamas, fait de maisons en adobes qui est resté hors du temps.

Viaduc du train des nuages - 4200 m - Ça souffle et ça caille

Viaduc du train des nuages - 4200 m


Vigognes

Le Nandou

On the road - Petite Pause

Lamas

Village en Adobe

On the Road - A 4000 m à travers le désert


De Susques nous prenons la direction de la Quebrada de Humauaca, la formation géologique à ne pas manquer dans la région. Sur la route nous passons par les Salinas Grandes, notre premier Salar sur l'Altiplano. C'est difficile à décrire, c'est une énorme croûte de sel coincée entre les montagnes et les steps sur lesquelles une quantité de tractopelles s'affèrent pour en gratter la surface. Le spectacle est captivant... On ne peut s’empêcher de se demander comment sera Uyuni, le plus grand salar de l'altiplano.
Salinas Grandes

Salinas Grandes


Salinas Grandes

Le col qui amène à la Quebrada - Vertigineuse Route


Pour récupérer la Quebrada nous repassons un col à 4000 pour descendre dans cette vallée créée par l'écoulement de l'eau. Nous nous arrêtons pour dormir à Pumamarca, un joli petit village planté au pied d'une formation rocheuse aux multiples couleurs, un peu trop touristique à notre goût. Ici il y a un marché journalier de tissages en laines de vigognes, alpagas et lamas, tout est exactement identique, ça sent l'attrape touriste à plein nez.

La piste qui nous mène à IruyaNous attaquons une nouvelle journée de voiture, 100% Quebrada, cette route n'est autre qu'une portion de la Pan-Américaine. Nous décidons de la remonter d'une traite pour aller dans un petit village du nom de Iruya à 3500 m d'altitude. Les 50 derniers kilomètres pour accéder à ce village se font sur une piste qui serpente dans la montagne, c'est impressionnant ! Il nous faudra 1h30 pour parcourir cette distance. La voiture initialement grise est maintenant couleur terre. C'est incroyable de se dire que des gens vivent ici toute l'année tellement l'accès est difficile. Mais nous ne sommes pas au bout de nos surprises. Nous arrivons dans le village pour l'heure du déjeuner et nous nous installons pour manger du lama dans un petit restaurant (viande sans saveur particulière). A la table voisine un Français nous dit que ce soir il va faire un bal populaire à St Isidro de Iruya. C'est un petit village accessible par un sentier de 2h de marche dans une vallée ou par 4x4 en remontant le court d'eau. Ça sent un peu l'aventure et nous sommes tous les 4 partant pour se joindre à lui. Le temps de trouver une auberge dans ce patelin, de déposer nos affaires et de garer la voiture, nous voilà parti au bal avec nos sac à dos et nos chaussures de rando. On a jamais mis autant de temps pour se préparer à sortir (en particulier Mélo !). La première partie du chemin se fait le long du court d'eau, nous croisons quelques pick-up qui remontent la rivière. A partir du moment où longer le court d'eau n'est plus possible un chemin monte et serpente sur le versant de la vallée. Marcher à cette altitude et difficile et le chemin est parfois au bord du précipice, nous avons donc une progression assez lente. Cela nous inquiète un peu car le retour doit se faire de nuit. En arrivant au village nous constatons que des locaux arrivent à pied depuis la vallée. On nous explique que l'on peut rentrer par la vallée en cherchant les endroits où il est possible de traverser le court d'eau à l'aide des rochers. Ça sera notre plan de retour.

En route vers San Isidro

Avec ou sans les chaussures ? Finalement on n'aura pas besoin de traverser



Le village de San Isidor de Iruya

Nous arrivons tôt sur place et nous installons dans un genre de taverne où l'on sert de la bière et des Empanadas. Nous passons quelques heures ici à jouer en attendant l'ouverture du bal. Autour de nous les tables se remplissent, les Argentins boivent, commencent à s'endormir et une bagarre éclate... Une fête de village reste une fête de village, nous constatons que ça a tendance à finir partout pareil, bien qu'ici on trouve que ce soit un peu tôt, il est 21h. On s'extirpe donc de ce lieu qui commence à chauffer pour aller sur la place du village. L'ambiance est étrange, morose, les gens sont assis, plutôt silencieux. On suppose que tout le monde attend l'ouverture du bal. Et par la même occasion nous constatons que ce bal est payant, et pas donné, ça plus l'ambiance, ça nous coupe un peut l'envie d'aller y danser. Dans une petite rue une ronde de locaux en habits traditionnels (panchos rouge sang et noir) se forment et commence une danse et un chant un peu désordonné. La plupart de ces danseurs ont un âge bien avancé. Les chants sont néanmoins assez beaux. Avant que cette cérémonie soit finie la musique du bal se met à retentir, couvrant les chants traditionnels. Nous sommes en plein conflit de générations. Nous assistons clairement à des traditions qui se perdent, elles ne sont portés plus que par les plus anciens de la société, pour disparaître sous la musique pop, les vêtements de marque en synthétique auxquels aspirent les plus jeunes. Même ici, après 50 km de piste et 2 h de marches, à plus de 3500 m d'altitude l'occidentalisation fait son chemin. Nous ne sommes pas venus pour écouter de la pop, nous décidons de repartir munis de nos lampes frontales. Nous suivons la piste en cherchant les passages où traverser la rivière sous un ciel étoilé tout simplement envoûtant. Après 5 ou 6 passages de rivière nous sommes bloqués à un endroit où la traversée nous semble impossible sans se déchausser. Se mouiller les pieds à cette heure et avec ce froid n'est pas une bonne idée. On décide donc de longer le court d'eau pour trouver un passage, en vain. Au même moment un pick-up descend du village et nous repère le long du court d'eau. Il nous invite à monter dans sa benne pour finir le trajet. Nous sommes aux anges, baladés dans ce pick-up à regarder les étoiles. Un pur moment !

Apéro à San Isidro

Le ciel - Photo post-traitée par Olivier Leveau


... en Pick-Up
... en Pick-Up








Après une petite nuit nous repartons de Iruya, il faut se faire la piste dans l'autre sens. Nous redescendons la Quebrada, notre premier arrêt sera à Humauaca, la plus grosse ville de la Quebrada. C'est un peu "Disneyland" ici, avec beaucoup de touristes et tout ce qui va avec. Les enfants demandent sans détour de l'argent à tout blanc-bec qui se présente. Nous ne sommes pas à l'aise dans ce genre d'endroit et mettons les voiles rapidement. Nous partons pour Hornocal où il y a semble t-il une vue sur une des plus impressionnantes formation rocheuse de la région. Nous repartons pour de la piste et arrivons à 4300 m d'altitude à un mirador qui nous offre une vue spectaculaire sur un paysage qui nous coupe le souffle. En face de nous se présente une formation aux formes et aux couleurs (14) tellement incroyable que nous restons là pendant une heure à contempler ce paysage tout droit sorti d'une autre planète.
Nous finissons cette journée dans la ville de Tilcara, la ville qui nous aura le plus plut dans la Quedabra et où nous trouverons un vrai marché artisanal de tissage, tenue par une communauté de femmes.
Street Food - Du Lama

Hornocal

Demain Kevin et Marion nous déposerons à Jujuy pour notre rendez-vous et ils continuerons leur route. Nous nous sommes super bien entendu avec ces Marseillais et avons passer 4 jours formidables en leur compagnie. Le voyage en voiture nous a fait le plus grand bien et nous a procuré une liberté dans le timing et dans les lieux que nous avons visités dont nous avons pleinement profité. Nous sommes très heureux de les avoir rencontrés, et on se reverra sûrement "un de ces jours dans le sud de la France pour un petit 51" (et avec l'accent s'il vous plait !)

On the Road - La fine équipe

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