Les Chutes d'Iguaçu

60 millions de litres d'eau douce à la seconde, 275 cascades, 3 kilomètres de long, nous avons passés 3 jours autour de ces merveilles de la nature que sont les chutes d'Iguaçu.

Les chutes depuis la rive Brésilienne

Le rio Iguaçu sert de frontière entre le Brésil, l'Argentine. Peu de temps avant qu'il ne rejoigne le rio Parana, faisant frontière entre le Paraguay et le Brésil en amont et le Paraguay et l'Argentine en aval, il tombe de son plateau basaltique dans un écrin de forêt subtropical humide.

"Grandes Eaux" en Guarani, les chutes d'Iguaçu se visitent donc depuis le Brésil et depuis l'Argentine. De chaque côté un parc national naturel a été créé pour protéger le lieu mais également la forêt qui l'entoure, regorgeant d'espèces endémiques en tous genres. Nous avons bien évidemment pris le temps d'explorer les deux rives de ces cataractes. Et croyez nous ça en vaut la peine.

C'est une des attractions touristiques principale du continent, et le business qui tourne autour va bon train, cependant sur les deux rives le site est bien géré. Du coup les infrastructures ne dénaturent pas l'attrait du lieux et sont faites de manière à canaliser les touristes pour éviter les dérives. C'est donc une agréable surprise que de ne pas être sur un site où traînent des ordures, où les espaces de circulations sont respectés afin de ne pas empiéter sur la nature et où les déplacements se font à pieds ou avec un petit train, limitant ainsi les bruits et dégagements gazeux.

Malgré cela nous avons quand même constaté deux impacts du tourisme importants sur la zone. Tout d'abord avec les "pickpockets du parc", les Coatis, habitués à être nourris par les visiteurs, aujourd'hui il attaquent directement les sacs et se retrouvent avec des maladies qui leurs étaient étrangères telles que le cholestérol ou le diabète. Une grosse prévention est dorénavant faite sur ce sujet dans les parcs. Ensuite du côté Brésilien il est toujours autorisé de survoler les chutes en hélicoptère, il y a donc en permanence le bourdonnement de cet insecte métallique posant des problèmes pour la faune, aviaire notamment.

Bébés Coatis Belle bête !

Ceci étant dit, le site est merveilleusement bien préservé, les animaux s'y baladent en toute liberté sans crainte de l'homme, et qu'est ce que c'est beau !

La rive Brésilienne

Nous avions été prévenu que la rive Brésilienne est la "moins" impressionnante des deux rives, nous avons donc commencé par celle-ci afin de monter crescendo dans l'excitation.

Et l'excitation démarre vite. Quand on pose le premier pied sur la première passerelle qui longe la rive du rio au milieu de la végétation, s'offre à nous une première ligne de chutes, celles qui sont le plus en aval. L'eau s'élance dans le vide dans un vacarme assourdissant, les volutes de brumes se forment par nuages irréguliers qui s'élèvent dans la végétation, ce qui procure une ambiance fantastique au lieu. C'est le premier point de vue et déjà nous sommes scotchés par la puissance de l'eau.

                       Les chutes depuis la rive Brésilienne                       Les chutes depuis la rive Brésilienne

En remontant la passerelle nous nous retrouvons devant un deuxième mur de chutes, plus proche celui-ci. Le bruit est incroyable. C'est ici que l'on commence à apercevoir la faune aviaire des lieux. Il y a d'abord les vautours en grand nombre qui se déplacent au milieu de cette brume en vol lent et majestueux. Ensuite on remarque les petits martinets à tête grise qui se jettent dans les cascades en vols d'une précision millimétrique. Ils semblent que leurs nids soient accrochés aux parois derrière les chutes, bien à l'abris des prédateurs. Le contraste entre la taille de ces animaux et l'énergie qui se dégage des lieux est saisissant. On se plait à s'imaginer planant silencieusement au dessus des chutes tel le vautour ou à plonger à travers ces murs d'eau tel les martinets. Doux rêve.

 Martinet à tête grise

Sur la gauche de ce deuxième mur de chutes on aperçoit la partie la plus en amont du site : La gorge du diable, qui ne ressemble d'ici qu'à un énorme nuage d'où sort la rivière. Nous n'en verrons pas plus aujourd'hui car cette gorge n'est visible de près que depuis l' Argentine.

La rive Argentine

Réveil de bonheur, nous avons quelques bus à prendre et un passage de frontière à faire aujourd'hui. Après deux nouveaux tampons et l'attente qui va avec nous arrivons à la ville de Puerto Iguaçu, du côté Argentin.

Nous jetons les sacs dans la chambre (une des plus pourris que nous avons eu depuis un certain temps !) et allons manger un morceau avant de reprendre un bus pour le parc côté Argentin.

Ici les infrastructures sont plus simples mais le parc est plus grand. Il y a 4 réseaux de passerelles, une supérieure et une inférieure que nous apercevions depuis la rive Brésilienne, une qui va sur l'île Saint Martin, îlot au milieu des cascades fermé en ce moment, et la passerelle qui permet d'aller au bord de la gorge du diable.

Nous sommes en pleine saison des pluies, ce qui signifie que le temps est très aléatoire mais aussi que les chutes sont à leur plus gros débit, donc au final c'est l'idéal. C'est également pour cette raison que l'accès à l'île est fermé, il y a trop d'eau.

Autant du côté Brésilien on a des vues d'ensemble des chutes, autant ici on a le nez dedans, on va pourvoir prendre la mesure de l'énergie du lieux. Et pour cela on décide de commencer par une petite excursion en bateau qui nous emmène ... aux pieds des dernières chutes. Le parc Astérix est d'un ridicule notoire à côté de ça ! Ce sont des piscines entières qui se jettent de la falaise. Nous nous approchons et ressentons le souffle qui se dégage de l'impact de toutes ces gouttes d'eau dans la rivière. Garder les yeux ouverts demande un certain effort, l’euphorie est à son comble, on ne peut s'empêcher de rire de l'adrénaline qui monte face à cette puissance.

                       Les chutes côté Argentin                       Les chutes côté Argentin

Le retour de cette excursion se fait peu de temps avant le départ du dernier train pour la gorge... Nous imaginions la faire demain mais bon nous sommes trempés jusqu'aux os donc autant continué. Après un long moment dans le train (et oui, vitesse de pointe 5 km/h pour éviter de déranger de trop la faune) et une dizaine de minutes de marche sur la passerelle nous voici arrivé à la Gorge du Diable. Il faut préciser que pendant la marche sur cette passerelle on a pu voir la rivière en amont, et elle est étonnamment tranquille, effectivement il y a très peu de dénivelé et elle est très large ce qui fait que la vitesse de l'eau ne semble pas excessive, on imagine aisément y piquer une tête... sauf qu'arrive le moment où tout s'écroule.
Car en arrivant à la gorge du diable c'est exactement le sentiment que l'on a. Nous sommes face à l’effondrement d'une mer, avant Galilée on devait se représenter les bords de la Terre ainsi. C'est un immense mur en demi-cercle où dégueulent des trombes d'eaux dans un vacarme assourdissant, ici ce n'est pas de l'embrun qui remonte mais des sceaux d'eau par paquets !

Avec cette brume il est presque impossible de distinguer le fond de la gorge qui n'est pourtant qu'à 80 m. Nous restons ici à contempler cette eau qui se jette dans le vide sans interruption, par la seule force de la gravité. C'est d'une énergie incroyable, insatiable, inarretable, on se sent ridicule face à un tel spectacle, c'est captivant. Et nous retrouvons ces martinets qui virevoltent au milieu de cet apocalypse d'eau, ce sont les rois des lieux, ils vivent en harmonie avec ces terribles chutes dans lesquelles nous ne survivrions pas 1 minutes. L'envie de posséder leur petites ailes et de pouvoir se jeter dans ces abysses le long des ces rideaux d'eau nous fait encore rêver !

La Gorge du Diable

Nous sommes lessivés (au sens propre) et rentrons à l'auberge pour prendre une bonne douche chaude. Le lendemain nous repartons de bonheur pour explorer les passerelles qui offrent une multitude d'incroyables points de vues sur les chutes. C'est l'occasion pour nous de rencontrer les mammifères du coins, les coatis et les singes qui n'ont aucune crainte de nous. Sur les coups de 11 heures nous les avons vu débarquer en masse. Pas fou les copains ! L'heure du déjeuner approche, et ils débarquent au rythme des aiguilles. Et vas-y que ça choppe les sacs, que ça rentre dans les cuisines de la boutique de snacks, que ça monte sur les tables pour piquer le casse-croûte des plus jeunes et des plus vieux. C'est le jeu, à nous de protéger notre pitance sans les agresser, ils sont chez eux, nous sommes des visiteurs.

Coati Singe à l'heure du repas

                       Quelle élégance !                       Doubler à droite est toujours un peu risqué

Pour finir cette journée nous ne pouvons nous empêcher de retourner à la gorge. Là bas ce n'est pas seulement beau c'est également fort, très fort. Et nous repassons un long moment à observer cette eau, hypnotisé par le flux incessant, à se prendre au visage des bourrasques chargées d'eau, à la sentir ruisseler le long de notre corps, la tête vide, le sourire collé aux lèvres. 
Encore une fois la nature est à couper le souffle. Nous avons souvent été subjugué par sa beauté durant ce voyage, comme ici, comme au Perito Moreno ou au Salar d'Uyuni. Car dans ces endroits elle dépasse l'entendement. Les images ne peuvent pas retranscrire ces endroits dans leur totalité, l'imagination ne peut les concevoir dans leur immensité. C'est vivifiant, ça donne envie de hurler !


Posts les plus consultés de ce blog

Sur Chico : Petite série de déconvenues