L'île de la Providence, paradis préservé

Au Coeur de la mer des Caraïbes

Providencia est une île de l'archipel Colombien de San Andres, située au large du Nicaragua.On y accède en avion depuis le continent jusqu'à San Andres, l'île principale de l'archipel puis par un bateau pour parcourir les 100 km qui séparent les deux îles. C'est donc par cette île principale que nous avons commencé.


San Andres est une île très touristique, avec une plage principale bordée d'hôtels, de restaurants et de boutiques duty free. Le gouvernement Colombien a effectivement déclaré cette île zone duty-free en 1954, ce qui a eu pour effet de faire exploser l'afflux de touristes et d'investisseurs. Un afflux qui a été trop rapide et qui a dénaturé la vie locale et fait exploser les prix, repoussant les locaux dans les zones périphériques. Ici on vous alpague pour vous proposer des locations de jets skis ou des tours en bateau, c'est très bétonné, et rien ne semble rester de l'histoire Coloniale. Ce n'est pas vraiment ce que nous sommes venu chercher, mais il faut néanmoins admettre qu'on se sent déjà un peu au paradis quand on voit la couleur de l'eau et du sable. Donc nous avons quand même passé une petite journée à faire trempette puis avons continués vers notre destination principale: Providencia.

San Andres - Couché de Soleil

Pour vous mettre tout de suite dans le bain, Providencia c'est l'île du Capitaine Morgan, pirate de renom qui aurait caché son trésor sur cette île perdue des Caraïbes. Légende ou pas c'est exactement de cette ambiance dont il s'agit, au premier coup d’œil sur l'île on imagine le bateau trois mâts amarré dans une baie, les canots sur la plage et le feu de camps avec une horde de pirates fêtant leur butin en buvant du rhum.

Providencia - Sur l'ile San Catalina
Providencia - Pêche au filet
C'est une petite île de 17 km², vallonnée avec un pic à 360m, recouverte d'une végétation verdoyante et saturée d'humidité qui vient jusqu'à lécher les côtes. On a l'impression que jamais ces terres n'ont été exploitées. Une seule route fait le tour de l'île et il faut 25 minutes pour la parcourir. Elle relie une série de petits groupes de maisons plus ou moins finies mais toujours très colorées et de criques habillées de petites plages au sable blanc bordées de cocotiers. L'eau est magnifique, d'une transparence qu'on ne voit que sur les cartes postales, chaude et calme car protégée des courants par une barrière de corail.

Providencia - La vue depuis le pic
Ici il n'y a que 5000 habitants, autant dire que tout le monde se connait. Cette population est principalement issue de familles d'esclaves. Cette île a d'abord été une colonie hollandaise, rapidement prise par les anglais avant d'être récupérée par les espagnols et finalement devenir Colombienne malgré les protestations du Nicaragua au tribunal de la Haye, encore actuellement.
De ces changements on sent que ce sont les Anglais qui ont marqués le plus la culture locale. Car ici on parle un patois Anglophone, avec une prononciation très yaourt, ça rappelait à Paul les vieilles vidéos sur la Jamaïque qu'il regardait quand il a commencé à s'intéresser à la musique Reggae. On est d'ailleurs complètement dans cette image là, les dreadlocks sont d'actualité, il n'est pas rare de sentir dans l'air l'odeur acre de la marijuana et on trouve devant certaines maisons d'énormes enceintes artisanales qui crachent du son pour tout le quartier, les Sound-System du coin. Mais à Providencia c'est la Jamaïque d'il y a 50 ans, celle qui n'a pas encore connu le tourisme de masse créant des ghettos de pauvres et de riches. 
Non, a Providencia le tourisme se fait chez et avec les gens. La plus part des "hôtels" sont des chambres tenues par la famille qui habite à côté, on vit ensemble, les locaux ne se sont pas retrouvés repoussés par la construction de complexes qui défigureraient la côte.

Providencia - le village principale
Le transport sur l'île se fait sur les motos des locaux, moyennant un petit billet, ou pas d'ailleurs. Ces trajets sont souvent l'occasion de discuter. Les restaurants sont des petits bâtiments sur la plage agrémenté de quelques tables et chaises dépareillées où l'on sert le poisson fraîchement pêché au filet ou au harpon. Et les bars sont des cabanes en bois où l'on vous sert dans une noix de coco tombée de l'arbre le plus proche avec en fond sonore un Bob Marley, on ne peut pas faire plus adéquat! 
La noix de coco, parlons-en ! Il y a des cocotiers partout sur l'île et ils n'appartiennent à personne, ce qui signifie que la noix de coco est libre de consommation à qui sait l'ouvrir, ce qui n'est pas une mince affaire. Paul y a laissé une lame de couteau, heureusement ce jour là nous avons croisé un  drédus qui en 3 coups de machettes nous a ouvert la délicieuse noix. C'es un vrai régale, d'abord le jus, frais et un peu sucré, puis la chair croquante et ultra nourrissante, nous en avons un peu abusé, nos intestins ont bien senti la sur-abondance de fibres !

Providencia - Ouverture de noix de coco

La vie ici parait très tranquille et simple, les gens savent ne rien faire, contempler, se retrouver dans la rue en fin de journée et passer du temps à discuter de tout et de rien. Ils ont le sourire collés aux lèvres, le rire communicatif et sont très faciles à aborder, on a beau être des blancs-bec au milieu de noirs on ne nous a jamais fait sentir que nous étions différents ou une source d'argent. Les Colombiens nous avaient jusqu'à maintenant toujours fait bonnes impressions, ce n'est pas ici que ça a changé.

Enfin bref nous étions sur un petit morceau d'authenticité, une image d'Epinal des Caraïbes sauvages.

Providencia - la plus grande plage

Un séjour en dessous de 0

Notre principale raison d'avoir débarqué sur cette île ce n'était pas initialement pour la beauté de ses terres mais pour celle de ses fonds marins. Effectivement on se trouve ici sur une des plus grandes barrières de corail du monde, et une des meilleurs en terme d'état de conservation. Le grand kiff pour aller plonger, et c'est ce qu'on a fait, 5 jours d'immersions avec deux immersions par jour. 
Nous n'avons pas été déçus, la flore marine était incroyable, dans un état parfait, d'une diversité époustouflante: anémones aux couleurs flashies, faviidae aux détails labyrinthique, gorgones d'un violet pétant, dendrogyra s'élevant tels des châteaux et bien d'autres dont nous ne maîtrisons pas encore les noms.

Providencia - On embarque pour plonger
Et au milieu de ces motifs et couleurs évoluent une faune magnifique. Et ici on trouve du grand et du petit voir du très petit:

Pour le grand la palme revient aux requins récifs accompagnés de leurs poissons pilotes, curieux et très actifs au point de s'approcher de nous à porter de bras. Lorsqu'on les croise en plongée ils ont tendance à rester avec nous jusqu'au bout de l'immersion et il est donc difficile de s'attarder sur le reste. Il y a aussi les requins nourrisses plus petits, souvent au repos sur un banc de sable au milieu de rochers, à l’œil blanc qui fait froid dans le dos. Les requins sont des animaux fascinants car ils sont à la fois effrayants, beaux, calmes et gracieux. 
En grand spécimens nous avons eu la chance de voir une raie pastenague et une raie aigle d'une envergure impressionnante, notre directeur de plongée nous a avoué en avoir rarement vue de si grosses.

               Providencia - Requin nourisse                   Providencia - Requin récif

Ensuite il y a le moyen, les poissons de formes, de tailles et de couleurs qui dépassent l'imagination. La nature a lâché sa créativité dans les fonds marins, on se demande parfois qu'elle est l'utilité des couleurs flashies de certains spécimens comme l'Ange royal, ou des formes triangulaire du poisson coffre, alors qu'on comprend parfaitement l'utilité des morphologie camouflage de poissons tel que [e poisson pierre où ronde à piques rétractables des poissons ballons. On a également vu une grande diversité de murènes et serpents aquatiques. Paul est fasciné par ces poissons à la fois craintifs, car le plus souvent cachés dans des trous, et en même temps agressifs car toujours prêts à mordre.


Enfin il y a le très petit, ce que l'on vois quand on passe sa plongée la tête en bas avec le nez à quelques centimètre du corail: les vers arbres de noël, les Serpulas, les Nudibranches, les langues de flammes, les crevettes nettoyeuses transparentes aux pinces bleus ou les crabes tour Eiffel au corps en forme de pipette. Si on arrive à bien observer ces être vivants c'est ici que l'on constate les détails les plus fous.

Providencia - Langue de flammes
Nous nous sommes donc régalés, et notre niveau de plongée s'est grandement amélioré. Danniel le gérant du club Sirius nous a d'ailleurs proposé, vu notre aisance sous l'eau, de nous emmener le dernier jour plus profondément que nos 20 mètres de certification. Nous avons accepté, et après un petit briefing sur ce qu'implique de plonger à plus de 20 mètres (problème de décompression et sur-concentration d'azote dans le sang), sur les règles de temps de décompression à appliquer et sur le fonctionnement d'un ordinateur de plongée nous sommes descendu à 35 mètres. 
Incroyable ! A cette profondeur on ne distingue plus très bien la surface, l'air de la bouteille est plus épaisse, on consomme plus vite, il faut donc minimiser au maximum ses mouvements et surtout les spécimens rencontrés sont plus gros pour ceux que l'on connait et son nouveaux pour les autres. C'est ici que nous avons croisé une magnifique raie aigle, facilement deux fois plus grosses que les spécimens que nous avions vu aux Galapagos. De plus à ces profondeurs on ne pars pas avec les débutants ce qui signifie que nous sommes moins dans les palanqués et que nous savons tous plonger, donc pas de problème d'un qui remonte à la surface, ou d'un autre qui racle le fond et détruit tout sur son passage. La plongée est un sport d'équipe si il y en a un qui doit remonter tout le monde remonte, c'est donc agréable quand on fait parti d'un groupe qui sait plonger car on profite pleinement de sa bouteille. Enfin plonger avec son ordinateur permet d'être maître de sa plongée et de parfaitement maîtriser ses paliers de décompression, chose que nous ne connaissions pas avant et qui nous a procurer un sentiment de liberté très agréable. La conclusion de cette plongée c'est qu'il va falloir que nous passions notre niveau suivant, d'autant que les épaves sont souvent à plus de 20 mètres, et nous aimerions bien partir en exploration d’épaves... Peut-être feront nous ça au Costa Rica avant de rentrer ?

Sur une île sauvage il y a .... des bébêtes

Cette île semble être un vraiment morceau de paradis, un endroit parfait. Et bien non, il n'y a pas de paradis et ici nous devons avouer que cette idylle a parfois était ternie par l'énervement que peuvent procurer les bébêtes. Vous nous direz: "qu'est ce qui sont proutprouts ces deux là, ils sont aux milieu des caraïbes, l'eau est transparente et à 30 °C, ils bouffent des noix de coco toute la journée et ils se plaignent de 2 ou 3 moustiques". Car c'est avant tout des moustiques dont on parle, mais pas de 2 ou 3. Lorsqu'on arrivait à midi au retour de la plongée c'était plutôt entre 50 et 60 qui volaient dans notre cuisine de 9 mètres carrés, en mode vorace. On a donc opté pour le répulsif, sauf que sur une île où il fait 35°C et que l'air est saturée d'humidité la transpiration fait vite partir cette petite protection chimique. Du coup on se battait le temps de déjeuner et nous nous disions que nous trouverions refuge sur la plage. C'est vrai il n'y a pas de moustiques sur la plage, mais il y a les mouches de sables, petites spécimens volants qui n'ont qu'une seule passion: le sang. Dommage pour le moment de répit, on repassera. Heureusement ces dernières ont leurs heures, nous arrivions à profiter de la plage. Mais notre meilleur refuge était l'eau, le matin en plongée et l’après midi en barbotage, là nous étions vraiment tranquilles. 
Nous avons eu aussi le droit à une nuée de genre de mites, un grand moment ! Nous sommes en pleine saison des pluies ce qui signifie qu'il y a au moins deux orages par jour sur l'île, un soir pendant que nous étions entrain de faire la cuisine, un orage a éclaté, du genre bien costaux. L'avantage c'est que quand il pleut comme ça nous n'étions pas embêtés par les moustiques sauf que d'un coup est entré dans la maison quelques milliers de ces petites cochonneries volantes, de celles qui ont un vol gauche, aux ailes très fragiles. Elles se collent aux murs, au sol, à la peau, rentre dans les t-shirts et dans les shorts. Elles ne font rien de mal mais elles sont beaucoup, elles chatouillent et après il faut nettoyer. On a bien rie ce soir là mais d'un rire un peu nerveux. 
Et à ce beau monde il faut ajouter les grenouilles, les geckos, les lézards, les iguanes qui tombent des arbres, les crabes terrestres blancs gros comme des ballons de handball... et c'est à peut près tout, mais c'est déjà pas mal !

Providencia - Gecko

Providencia - Lézard  Providencia - Iguane


Nous arrivons à la fin de notre séjour au milieu des Caraïbes. Nous devons avouer que si nous rigolons des  mésaventures qui nous sont arrivés avec la micro-faune terrestre nous nous imaginons mal vivre avec soit l'option d'être en permanence protégés par des produits-chimiques ou soit l'option de se faire dévorer à longueur de temps. D'autant que le moustique est le premier tueur d'être humain de part les maladies qu'il véhicule. 
D'un point de vue aquatique nous avons adorés nos plongées et il est clair que c'est une activité que nous apprécions énormément et que nous pratiquerons dès que nous le pourrons. Nous nous sentons bien sous l'eau et le monde marin nous captive. 
Concernant la vie insulaire, ce petit bout de paradis nous a complètement reconfiguré sur un rythme très tranquille. Nous avons été très heureux de vivre quelques jours dans un endroit comme celui-ci qui n'a pas encore était défiguré par le tourisme, où la vie semble avoir toujours était comme ça. Nous espérons que ça ne changera pas.

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