En direction du Sud: La route des sports de nature

Après avoir pris notre premier bus longue distance en direction du Sud nous voici arrivé à San Gil.

Bassin d'eau douce à los Pescaditos

San Gil est une petite ville, sans grand charme il faut l'avouer, mais elle a la particularité d'être placée au cœur d'une nature incroyable qui offre une grande gamme de sports de nature : VTT, Parapente, Rafting, Kayak, Saut à l’élastique ... Et c'est bien pour cela que nous avons fait une halte ici.

Détente à los PescaditosInitialement nous ne devions rester qu'une journée pour réaliser le rêve de Mélo de faire un vol tandem en Parapente. Nous savions que l'endroit était réputé pour ce sport et qu'il avait même accueilli des championnats du monde.
Arrivé à San Gil nous nous sommes basés dans une petite auberge tenue par un Franco-Suisse où nous avons rencontré une bonne brochette de fana de sports d'eaux vives. Il semblerait que les Français soient plutôt bons dans la pratique et en l’occurrence il y en avait 5 ici qui ont débarqués de France avec leurs Kayak pour explorer les rivières du coins. A force de discuter avec eux nous nous sommes dit que nous ne pouvions pas partir sans faire une descente de Rafting sur le Suarez, une des belles rivières de sports d'eaux vives du coin. Donc la journée prévue ici s'est transformée en 3 journées.

Comme un Condor au dessus du Chicamocha

Nous sommes partis pour le parapente avec l'organisme qui avait la meilleure réputation sur la ville. Le vol se fait au dessus du canyon de Chicamocha, sur une crête encerclée par la rivière.

Nous sommes prêts à décoller. Nous serons tous les deux dans le premier groupes à partir, après un dernier récap sur les quelques trucs à bien faire pour ne pas gêner le pilote, nous nous mettons à courir, courir, jusqu'à ce que nos pieds ne touchent plus le sol. Et c'est parti nous volons.

                                Vérification avant décollage                         Gonflage de la voile
                                Et on court, on court                         Et c'est parti !

La sensation de liberté est grisante et se sentir dans l'air sans point d'attache avec le sol, portés par ce bout de tissu est assez impressionnant. Une fois les quelques premières minutes de vols passées, l’appréhension retombe et c'est tranquillement que l'on prend de l'altitude en s’émerveillant du paysage.
Car ici la vue est à couper le souffle, le canyon s'offre à nous tel un serpent qui ronge la terre. Plus nous montons et plus la vue se dégage, nous passons au dessus des points environnants les plus hauts (nous prendrons 900 m d'altitude depuis notre plateforme de décollage) et maintenant nous pouvons voir les montagnes et les villages alentours. Nous volons à l'instar de nos compagnons de routes, les condors qui nous montrent le chemins des thermiques que nous cherchons.

Le Canyon Chicamocha s'offre à nous

Ça fait déjà une bonne demi heure que nous volons, nous devons avouer qu'à partir d'un certain moment nous avons trouvé que ce sport manquait un peu d'action. Nos pilotes ont dû lire dans nos pensées et ont commencé à envoyer des rotations avec la voile, au point de se retrouver presque la tête en bas. Nos meilleurs parcs d'attractions sont plan-plans à côté de ça. La vitesse et la perte de repères fait monter l'adrénaline, nous exaltons, c'est fort !

Il est temps d'essayer de se poser... mais les conditions autour de la plateforme sont difficiles, plusieurs fois nous nous approchons, nos pieds ne sont plus qu'à quelques centimètres du sol mais nous devons repartir car nous sommes trop courts. Nous remontons alors pour attendre que les conditions changent un peu. Et le vol de 30 minutes aura duré 1 heure ! Nous sommes chanceux et c'est avec le sourire collé aux oreilles que nous finissons cette première journée à San Gil.

                                Atterrissage imminent                           Atterrissage imminent

Comme une truite dans le Suarez ... Ou presque

Pour le coup nous n'allons pas en rester là et le lendemain nous sommes partis en van avec toute une équipe de Francophones (le hasard fait bien les choses), un bateau sur la remorque, pour descendre une partie du rio Suarez.
Nous arrivons à la zone d'embarquement où l'on nous fait un petit briefing sécurité. Le gros de la sécurité dans le rafting s'applique quand on se retrouve à l'eau, expulsé du bateau. Et grosso modo il s'agit de savoir comment se comporter dans les rapides et comment faire pour remonter le plus rapidement possible dans le bateau.
Une fois le point sécu passé notre "chef" de bateau, Nestor, nous explique comment ça marche, que nous sommes une équipe et que le but est que personne ne finisse à l'eau. On s’entraîne un peu sur l'eau, là où il n'y a pas de courant et voilà la formation est terminée.

Formation terminée, prêt à partir

Il est donc temps de prendre le courant. Le tronçon de la rivière que nous allons passer présente environ 7 rapides classés entre 4 et 5. Ok classé 4 ou 5 ... Sauf qu'on y connait rien. Quand on arrive devant le premier rapide on comprend bien pourquoi il ne faut pas tomber à l'eau !
Ça envoi du gros, ça bouillonne, c'est une machine à laver géante, le grondement est là, et il faut s'y jeter.
- "Forward" nous crie Nestor et nous pagayons dans le courant;
- "Stop" petite pause,
- "Forward" et nous repartons,
- "Get Down !" et nous nous rétractons dans le bateau car nous passons un passage difficile avec risque de se faire éjecter.
On se prend de l'eau plein la figure, quand nous sommes fasse aux vagues elles paraissent énormes (certain creux doivent bien faire 1,5m), c'est génial. On vient de passer le premier rapide, on en a plein les bras, nous rigolons de ce qui vient de nous arriver et nous n'avons qu'une envie c'est de recommencer. Ça tombe bien ce n'est que le début.

Nous sommes rapidement au cœur du sujet  "Get Down" tout le monde se rentre dans le bateau pour un passage difficile

Après 1h30 de descente la session se termine, nous sommes lessivés, mais tellement bien ! Ce genre de sport d'adrénaline où il faut être à 200% réactif et actif nous éclate. Et dans l'eau qui plus est, au milieu d'une forêt magnifique. Vraiment on adore ça. Nous avons passé une journée extraordinaire. On recommencera les sports d'eaux vives, même si à priori après le Suarez les rivières navigables de France paraîtrons un peu tranquilles.

"Forward" Et on pageait pour passer la vague  Si, si, nous sommes dans le bateau

La Colombie quand on y vit

Au Papillon, l'auberge où nous étions, nous avons pu discuter avec Sylvain, le gérant, de la vie en Colombie.
Il rencontre quelques soucis financiers du fait de l'explosion du nombre d'auberges dans le village et se pose donc la question de retourner en Suisse. Clairement ça lui semble difficile car il aime la joie de vivre Colombienne, leur gentillesse, la tranquillité de la vie et le climat de ce pays. Cependant il reconnait que c'est un pays qui a encore beaucoup de maux et il nous a présenté les principaux d'après lui.

Tout s'achète

L'idée que la Colombie est un pays corrompu est encore une réalité. Il nous expliquait que tout est monnayable et à tous les niveaux. On parle bien sur du flic qui veut vous coller une amende et qui vous propose de le payer moitié moins directement, mais aussi du juge qui ajuste la peine aux possibilités financières du condamné. Et au niveau supérieur nous avions eu un exemple quand nous sommes allés dans le parc Tayrona sur la côte Caraïbe. Ce parc est censé être une réserve naturelle et nous avons été étonnés d'y voir sur le chemin une énorme centrale hydroélectrique en construction. Nous avons questionné notre chauffeur qui dépité nous avait dit qu'effectivement le propriétaire de cette centrale devait avoir des amis bien placés ou un bon porte-monnaie.

Le système de santé est catastrophique

Et oui, encore un pays qui nous fait réaliser combien nous sommes chanceux en France et ô combien nous râlons pour rien.
Car en Colombie quand il vous arrive quelque chose c'est la croix et la bannière.
Il faut commencer par aller faire la queue pour prendre un rendez-vous chez le médecin, car ce dernier ne répond pas au téléphone, et de plus il ne gère son emploi du temps qu'à 3 jours d'avance. Donc il est régulier qu'il faille aller plusieurs fois faire la queue pour trouver un rendez-vous.
Une fois que vous avait été à ce rendez-vous et que vous vous êtes fait consulter, si c'est sérieux on vous fait une ordonnance pour des examens complémentaires. Et là rebelote, par exemple pour une radio vous devez aller prendre rendez-vous, puis aller faire les radios, puis aller chercher les radios, puis les emmener chez le médecin. Pour cela il vous faut de nouveau aller prendre le rendez-vous puis aller au rendez-vous ... on s'y perd et le pire c'est que vous n'êtes pas sûr de tomber sur le médecin qui vous a prescris la radio ! Il n'y a pas de suivit de patient !

Tout ce micmac est uniquement dû au fait que les colombiens ont une assurance santé obligatoire avec des remboursements très long, donc aucun professionnel de la santé ne fait d'effort. Du coup, vous pouvez payer de votre poche, et bizarrement tout va plus vite d'après Sylvain.

Un pays baigné dans la violence

La Colombie, on en a tous une vague idée, est un pays à l'histoire violente. On a tous des notions de ce qui s'est passé avec Pablo Escobar et des actions menées par les FARCS.
Ce qu'il faut savoir c'est que l'armement des FARCS a amené la création de groupes paramilitaires. Certains ont été créés par l'état et d'autres par de gros propriétaires terriens qui voulaient défendre leurs terres de ces Coco qui cherchaient à les rendre aux paysans par les armes.
Mais leur utilité a été plus ou moins détournée car ils ne protègent pas seulement les terres mais s'en approprient également de nouvelles par la force, grossissant ainsi la richesse des propriétaires terriens. Et la méthode consiste à massacrer et exproprier les paysans, ce qui contribue au fait que la Colombie est un des pays d'Amérique du Sud avec le plus de déplacement interne de populations. Les FARCS étaient donc un bon alibis à leur enrichissement personnel.

Est arrivé dernièrement le référendum sur l'accord de paix avec les FARCS, initialement très populaire et qui a été finalement gagné par le NON à un poil plus que 50%. Il y a beaucoup d'explication à ce revirement. D'après Sylvain une des explications réside dans le fait que pour beaucoup de gens fortunés en Colombie le désarmement des FARCS n'était pas dans leurs intérêts, et ils ont donc œuvré pour changer l'opinion des moins éduqués. 
Sylvain nous expliquait qu'au moment du référendum une quantité astronomique de désinformation ciblée a eu lieu, afin de faire changer cet opinion. Il y a eu par exemple des tracts donnés aux chauffeurs de taxi stipulant que si le OUI l'emporte, leurs taxis seront réquisitionnés un jour par semaine pour aider les FARCS à sortir de la jungle, ou encore que les pensions seraient amputées pour financer la mise en politique des FARCS...
Le résultat on le connait, le NON a remporté le référendum et l'accord de paix a donc été passé en force par le gouvernement. Aujourd'hui les FARCS ont rendus leurs armes. Ce qui laisse une multitude de groupes paramilitaires habitués à combattre, sans ennemis bien définis qui n'ont donc plus lieu d'exister. Que va t-il se passer ?

Ces 3 analyses de la Colombie ne sont bien évidemment que le point de vue de Sylvain, qui y vit quand même depuis 7 ans, et il est clair que la situation est bien plus complexe. Cependant nous avons apprécié pouvoir échanger sur les sujets critiques du pays. Car jusqu'à maintenant nous n'avions pas réussis à amorcer ce type de conversation avec les Colombiens, qui avaient tendance à changer de sujet rapidement. Ce qui peut ce comprendre, car ce pays est connu pour ses maux et il cherche à donner une nouvelle image de lui et à développer un nouveau secteur économique : le tourisme. D'où la nécessité de montrer ses meilleurs facettes s'impose. 
Cependant la réalité est toujours là, il y a des changements qui vont dans le bon sens, c'est indéniable et tout le monde est d'accord la dessus, mais ils semblent encore bien lents dans certains domaines ou certaines régions du pays. En prendre conscience et en parler tout en soulignant les avancés n'est-il pas une manière d'agir en tant que touriste ?

Villa de Leyva

Notre petit séjour sport se termine et nous continuons notre route vers le Sud pour Bogotá. Mais avant cela nous avons une petite halte à faire bien différente de tout ce que l'on a pu faire depuis le début du voyage. Et oui cette semaine nous fêtons nos 5 ans ensemble et pour cela nous avons décidé d'utiliser le petit coup de pousse financier que Mélo a eu pour son anniversaire pour s'offrir deux nuits dans une belle chambre à Villa de Leyva. Au programme une magnifique chambre avec un lit où l'on peut dormir dans tous les sens sans toucher les bords, un jacuzzi et une cheminée ! Ça nous change des matelas défoncés et des douches froides sans pression. 
Quand nous sommes arrivés à l'hôtel avec nos chaussures défoncés, chargés de nos sacs un peu crades avec notre visage qui pèle on nous a tout simplement demandé si on pouvait nous aider pour quelque chose ! Oui madame, nous avons une réservation !

La classe non !

Villa de Leyva c'est un charmant petit village à l'architecture coloniale à quelques heures de Bogotá. Il attire donc tous les bobos de la capitale pour les weekends et vacances. C'est très joli et on trouve ici un bon choix de restaurants, épiceries, magasins d'artisanat moderne...

Dans les rues de Villa de Leyva

Et pour couronner notre séjour relax nous y avons trouvé une boulangerie et un restaurant Français ! Nous avons donc pu manger de la baguette, des pains au chocolat, des quiches, une tartiflette et un bœuf bourguignon. Et la cerise sur le gâteau, il y avait du pain pour saucer le plat ! Comme l'a fait remarquer le chef Français à la serveuse qui nous regardait avec un drôle d'air :

"No te preocupe es Cultural"

Et oui c'est culturel, pourquoi laisser une seule goutte de sauce dans l’assiette si elle est bonne ?
Cette petite page de luxe arrive à son terme il est temps de retourner à la réalité de notre voyage. 
Et le meilleur moyen c'est bien de remonter dans un bus sans clim avec peu de place pour les jambes et au chauffeur à la conduite rock'n'roll !

Nous sommes content de ce séjour en montagnes !


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