Premiers contacts avec le Brésil

La Côte Nord-Est

Deux semaines déjà que nous sommes au Brésil, deux semaines que nous avons posé les pieds sur le tarmac de Fortaleza, un matin à l'aurore rougeoyant sur l'océan Atlantique. Le Brésil, cet immense pays lusophone, le plus grand du continent.
Car c'est avant tout la première particularité du pays qui nous a sauté au visage. On en avait pourtant une idée, il suffit de regarder une carte. Mais quand on commence à y voyager on réalise ce que ça implique.

Par habitude ces derniers mois, nous voyagions un peu à vue, nous atterrissions dans une région, analysions les choses à y faire et regardions quelle serait la prochaine étape. Au Brésil ça ne marche pas comme ça, à moins d'y rester 1 an peut être... Ici les distances sont immenses, il est très facile de s'embarquer pour un voyage de 8, 12, voire 24 heures en cherchant simplement à rejoindre deux villes ou deux régions voisines.
Alors que nous nous avions naïvement imaginé atterrir à Fortaleza et descendre le long de la côte jusqu'à Rio en faisant de petits sauts de puces de plage en plage.
Nous avons vite réalisé qu'il fallait qu'on cible un peu les choses à faire si nous ne voulions pas passer notre temps sur la route.
Fortaleza depuis une des jetées

En plus de cela nous ne nous étions pas vraiment renseigné sur la région dans laquelle nous arrivions et nous avons été un peu déçu par ce premier contact. Car la côte Nord-Est du Brésil est réputée pour ses villes balnéaires branchées, un peu huppées, pour faire la fête ... Pas vraiment notre créneau !
Et effectivement Fortaleza, Natal et Récife, les 3 capitales des régions de cette partie du Brésil sont des villes de taille moyenne (ce qui signifie à minima 800 000 habitants au Brésil !) qui s'apparentent à une forêt de buildings étalés sans aucune règle d'urbanisme le long d'une magnifique plage.
La vision d'ensemble est saisissante. Il faut admettre qu'une telle débauche de constructions humaines sur un paysage aussi paradisiaque coupe le souffle, la verticalité des construction tranche parfaitement avec l'horizontalité du terrain et de l'océan. Cependant il faut bien reprendre son souffle pour s'y immerger, car passé la vue d'ensemble on constate les paradoxes du lieu: constructions menacées par l'érosion et la montée des eaux, aux façades en décrépitudes face au vents marins; plages ensevelies sous le mobilier en plastique et les parasols, utilisation du jetable à outrance, le tout gentiment débarrassé par les marées; contrastes sociaux très marqués; consumérisme poussé à son paroxysme ... Ce sont des grosses villes, c'est sûr, et où que ce soit dans le monde les grosses villes présentent des réalités très contrastées et choquantes.
Mais il y a quand même quelque chose de spécifique ici, c'est que nous sommes dans un BRICS, un de ces pays au développement fulgurant. Un développement qui produit plus vite qu'il n'a le temps de réguler, qui donne à ceux qui sont dans le wagon de tête l'envie d'en profiter avec insouciance et qui laisse les autres sur le carreau. Nous n'avions pas senti ça dans les autres pays, ou du moins pas à cette échelle.
Le contact avec ces villes ainsi que la difficulté de s'en échapper le temps d'une journée n'a pas arrangé nos premières impressions et nous a conforté dans l'idée de mettre rapidement les voiles pour aller dans des régions où le Brésil montre un autre visage.

Natale depuis son fort historique


Il y a tout de même une chose dans ces premiers jours qui nous a agréablement surpris, ce sont les Brésiliens et leur rapport au corps.
Nous avions une idée très caricaturale du Brésil où le corps y serait standardisé et modélisé selon des critères bien définis et où tout individu qui ne respecterait pas ces critères ne se sentirait pas à sa place. Et bien pas du tout ! Effectivement ici on prend soin de son corps, on l'affiche mais plus que tout on l'assume. Quel qu'il soit: corpulent, musclé, potelé, poilu, ferme, blanc, noir, cuivré, galbé, tatoué, bedonnant ou fripé ils sont tous fièrement affichés, mis en valeur, aimés. Ça fait du bien ! Nous sommes très loin de nos sociétés Européennes complexées, où l'on ne montre ses fesses que si elles rentrent dans le moule, où le poil doit disparaître et où les abdo-cro sont à planquer.
Cette liberté du corps nous a donné une bouffé d'air frais et nous a violemment rappelé combien chez nous le formatage est instauré et combien il fait de ravages psychologiques.

Olinda - Mimo festivalAprès avoir passé quelques jours à Fortaleza et Natal nous devions donc aller à Recife, nouvelle grosse ville balnéaire sur notre route. Dans la périphérie de Récife il y a une petite ville, Olinda, réputée plus bohème, nous avions donc prévus de poser nos sacs ici et d'en faire notre point de chute pour visiter la ville.
En arrivant à l'auberge nous avons constaté que ce même week-end était organisé un festival de musique gratuit dans cette petite ville, avec une très belle programmation: Didier Lockwood, Vieux Farka Touré, Emir Kusturica ... Changement de programme, nous ne visiterons pas Récife, une ville balnéaire de plus de toute façon ! Nous irons écouté de la musique !
C'était ici que nous avons commencé à voir le rapport qu'a le Brésil avec la musique. Nous étions étonné de voir un festival gratuit de cette ampleur, en plus de la belle programmation, les infrastructures étaient solides, certains concerts ont eu lieu dans les églises de la ville, ambiance assurée, et les spectateurs étaient au rendez-vous. Nous avons passé un très bon week end.

Après ce bon interlude musical nous ne voulons pas continuer l'exploration de cette partie du Brésil. Nous ferons donc un gros saut de puce, le temps d'une nuit dans un bus à la température frigorifique, pour se rendre dans la ville mythique de Salvador pour y rencontrer le Brésil des cultures Africaines et de la musique..

             Dans une rue de Olinda                      Concert en église - Pas très sage Mélo
Improvisation au Violon électrique de Didier Lockwood
Emir Kusturica

Posts les plus consultés de ce blog

Sur Chico : Petite série de déconvenues