Sucre, une ville blanche

Cet article aura été écris sur fond musicale de l'album Charango Boliviano de Ernesto Cavour


Nous avions beaucoup entendu parlé de Sucre. Tous les voyageurs que nous avons croisés et qui sont passés par Sucre étaient unanime: Sucre est une ville où il fait bon vivre.
Nous nous étions alors fixé cette ville comme point de repos et par la même occasion nous avions décidé d'y prendre des cours d'Espagnol.



Après nos dernières semaines passionnantes, mais également fatigantes, nous voici donc arrivé à Sucre, capitale constitutionnelle de la Bolivie.

Il ne nous a pas fallu longtemps pour reconnaître la réputation de cette ville...

Sucre - Balcon en boisA 2780 m d'altitude cette ville de 300 000 habitants, classée au patrimoine mondiale de l'UNESCO est baignée par le soleil, même en cette période où l'hiver approche. La température l’après-midi avoisine les 25°C, idéale ! Sucre fut fondée en 1538 par les colons Espagnol avec l'Argent issue des mines de Potosi, Le centre historique conserve donc tout ce patrimoine bâti colonial a influence Espagnol. Ici toutes les rues sont blanches, le blanc de cet enduit qui recouvre tous les murs et sur lesquel le soleil vient se frotter, procurant aux rues de cette ville une luminosité chaleureuse. La place centrale, la place du 25 mai, est un espace ouvert arboré où se promènent les Sucréniens, elle est entourée de magnifique battisses, dont la Casa de la Libertad, construite en 1621 comme partie d'un couvent Jésuite, où a été signée la déclaration d'indépendance de la Bolivie. Tous les bâtiments semble avoir été construits d’après le même principe: un patio central; entouré d'arcades sur colonnes qui apportent de l'ombre aux pièces qui l'entourent, et le tout évidemment recouvert d'un enduit blanc éclatant ponctuées de menuiseries en bois. Cette composition permet de se retrouvez dans un petit coin de paradis ensoleillé et vert à l'abris des regards de la rue à chaque fois que vous passez une porte. Le rythme de vie diminue à Sucre, on s'y sent bien, on a envie d'y lire, d'y faire la sieste et de s'y promener (choses que nous avons allègrement fait !)

                    Rue de Sucre       Rue de Sucre       Rue de Sucre

Nous avons donc pris nos quartiers dans une petite auberge pour 15 jours. La première semaine nous l'avons consacrée à prendre des cours d'Espagnol tandis que pendant la seconde nous partirons un peu à la découverte des alentours.

Sucre - Le mercado Central

COURS D'ESPAGNOL A L'ALLIANCE FRANÇAISE


Pour ceux qui ne connaissent pas, l'Alliance Française est un organisme implanté partout dans le monde qui a pour but de proposer des cours de Français, de promouvoir la culture Francophone et de favoriser la diversité culturelle. C'est un réseau très étendus et une de ses antennes Bolvienne se trouve à Sucre. L'Alliance Française à Sucre propose également des cours d'Espagnol à la carte. Nous avons donc pris 4 heures de cours d'Espagnol par jour avec Edson, Sucrénien pur souche. L’intérêt de ce type de cours est double: ce sont des cours particuliers et nous choisissons de quoi nous souhaitons qu'ils soient constitués. Après 3 mois de voyage en Argentine et Chili (qui ont des Espagnols assez difficiles à comprendre !) nous avions un bon bagage pour baragouiner avec les locaux. Le but de ces cours était donc de mettre un peu d'ordre dans tout ça et de corriger les mauvaises habitudes. Pourquoi ici, parce-qu’il fait bon vivre, que ce n'est pas trop chère et qu'ici l'espagnol est plutôt clair et proche de l'espagnol d'Espagne (pas d'emplois du Vos, spécifique à l'Argentine et à l'Uruguay et l'emploi de l'Usted pour la forme de politesse comme en Espagne). Nous avons donc demandé à Edson d'axer ses cours sur la conjugaison, le tout sur fond de discussions au sujet de la Bolivie. Edson s'est avéré un très bon prof, capable de nous enseigner habilement les formations du passé à l'aide de jeux et très enclin à parler de son pays, de sa politique, de ses problèmes et de ses règles de société. Il nous a notamment apporté un autre point de vue, plus nuancé, sur Evo Morales et sur son action politique que celui que nous avions eu jusqu'alors. Très intéressant, merci Edson !
Après cette semaine on a bien senti que nous avions gagnés en acquis, il ne nous reste plus qu'à pratiquer pour gagner en fluidité.
Et petite cerise sur le gâteau, le vendredi qui fut notre dernier jours de cours, l'équipe de l'Alliance Française se faisait une raclette à laquelle nous avons été conviés ! Miam !

Raclette avec les produits Boliviens à l'Alliance Française

DEUX MUSÉES A NE PAS LOUPER

Sucre possède différents musées, deux nous ont particulièrement plût.

La Casa de la Libertard

Casa de la Libertad - Porte de l'égliseC'est ici qu'a été signée la déclaration d'indépendance de la Bolivie, proclament Simon Bolivar premier président de ce pays Andin.
Nous faisons d'habitude ce genre de musée plus pour l'architecture des lieux que pour l'Histoire. Non pas que ça ne nous intéresse pas mais plus parce-que la plus part du temps il s'agit de s’arrêter devant plein de tableaux au son d'une voie monocorde qui n'en peut plus de raconter la même chose toute la journée... C'est souvent barbant. Et bien là pas du tout, nous sommes tombé sur le guide le plus dynamique qu'il soit. Il y a fort à parier que ce type fait du théâtre, car sa visite était une vrais pièce. A grand coup de mouvements, d’intonations de voie, de prise à partis des visiteurs, de mise en scène, de blague et d’anecdotes, ce jeune Bolivien nous a raconté l'histoire de l'indépendance de son pays (non sans fierté) et l'a rendue passionnante.

Casa de la Libertad - Patio principale

L'ASUR

Comme nous l'avons déjà évoqué plusieurs fois la Bolivie possède une forte diversité culturelle qui est largement prônée et mise en avant. Le Chuquisata, région dont Sucre est la capitale, fait partie de ces endroits où les traditions ancestrales sont encore bien présentes, notamment dans les campagne. Ces cultures sont accompagnées d'un savoir faire artisanal (dans le sens d'artistique) impressionnant: danses, musiques et tissages en sont les 3 principales composants. Le savoir-faire du tissage tend un peu à disparaître avec l'apparition des machines. La mécanisation permet en effet d'augmenter la cadence de travail et ainsi de diminuer le coût des produits tout en préservant les styles d'autrefois. Cependant les machines imposent une certaine répétition dans les motifs, là où l'esprit humain est bien lus libre et imaginatif.
C'est ici qu'intervient l'ASUR, une fondation pour la recherche Anthropologique et pour le développement ethnique des Andes du Sud. Parmi ses actions, cette fondation propose un musée passionnant sur ces cultures. Ici on découvre une pièce par population de la région, où sont expliqués les significations de chaque motifs de tissus, de chaque type de musique et de la danse qui y est associée. Ce qui nous a semblé intéressant, c'est que chacune de ces cultures s'est appropriées un domaine de représentation par le textile.
Les Tinkipaya sont spécialisés dans la représentation des cieux (Janaq Pacha) par des tissus aux motifs assez géométriques et métaphoriques, et utilisant différentes couleurs qui restent cependant dans les tons naturels.
Extrait d'un tissage Jalq'aLes Jalq'a représentent un monde sous-terrain, noir et imaginaire en perpétuel création. Ces tissus uniquement fait de rouge et de noir profonds représentent des bêtes imaginaires aux formes étranges. Ils sont particulièrement remarquables car l'enchevêtrement de ces représentations, qui procure cet impression de cahot, nécessite un travail d'imagination extraordinaire quand on réfléchit à la manière dont se fait un tissage: ligne par ligne.
Enfin les Tarabuco s’attellent à la représentation de scènes de vie d'une très grande finesse avec des couleurs éclatantes sur fond blanc. Ces derniers textiles sont très lumineux, effet donné par une technique de coloration qui permet des dégradés.
Ce qui est intéressant dans l'action que mène ASUR c'est qu'elle cherche à préserver ses cultures mais pas à les figer dans le temps, elle incite donc les artisans avec qui elle travaille à appliquer les principes ancestraux de création de ces motifs à la vie contemporaine. Ainsi les créatures Jalq'a ont évoluées, les scènes des Tarabucos se sont adaptées ...

Enfin ASUR propose à la vente les produits de ces Artisans, et c'est le coeur de l'action, car c'est par le biais économique que l'on peut faire perdurer ce savoir. On peut ainsi acheter des tissages fait à la mains de plus ou moins grande taille et de plus ou moins grande complexité suivant le prix. Certains de ces tissus nécessitent des semaines de travail entre le filage de la laine, la teinte des fils et le tissage.

Une ville où l'on cherche à préserver les traditions

Dans la même veine que l'action de l'ASUR il existe une vraie volonté de préserver ces différentes cultures sous différentes formes à Sucre.

Au Kultur Café Berlin (et oui ... tenue par un couple Germano-Bolivien) tous les vendredi soir est proposé un spectacle de danses traditionnelles. Dans le magnifique patio de cet auberge-restaurant est installée une piste de danse où se donne pendant le repas une troupe de danseurs spécialisées dans les danses du pays. C'est une très belle représentation, aux costumes incroyables où bondissent les danseurs et où volent les robes des danseuses... A ne pas manquer

                        Soirée danses traditionnelles au Kulture Café Berlin Soirée danses traditionnelles au Kulture Café Berlin
                        Soirée danses traditionnelles au Kulture Café Berlin Soirée danses traditionnelles au Kulture Café Berlin

Au magasin Inca Pallay on fait le même travail que chez ASUR. L'idée est de proposer un lieu où les artisans Indigènes puissent proposer leurs travail au véritable prix qu'il représente, du commerce équitable en fait. C'est ici que nous nous sommes fait notre premier vrais souvenir de ce voyage, en ce moment en route vers la France.

Chez Condor Trekkers on propose des excursions en rando de 1 à 4 jours dans les environs. Au programmes nuits chez l'habitant et découverte de ces régions. C'est, ici aussi, une organisation à but non-lucratif qui a pour but d'intégrer les populations locales dans l'économie du tourisme en essayant de ne pas biaiser les rapports avec les visiteurs.
On était partis pour randonner avec eux cependant c'est un départ à 3 minimum et nous n'avons pas trouvé le 3ème, mais nous avons trouvé une alternative similaire.
Par contre nous avons élu comme cantine le restaurant associé à cette "agence" qui propose, dans le même état d'esprit de non-profit et de reversement des bénéfices dans des actions pour les populations locales, un délicieux déjeuner végétarien.

Enfin la volonté de présenter ces cultures semble se faire à la moindre occasion. Par exemple nous avons eu l'opportunité de participer à la rentrée Universitaire, et pour cette occasion on fait la fête, et quelle fête ! De midi à minuit défilent sur l'avenue principale des groupe d'étudiants danseurs. Un groupe par école, de 20 à 80 étudiants par groupe, tous en costumes, et tout Sucre est de sortie.

                         Sucre - Rentrée Universitaire Sucre - Rentrée Universitaire
                         Sucre - Rentrée Universitaire Sucre - Rentrée Universitaire

Un dimanche au marché de TARABUCO

Le dimanche matin dans la région il y a un truc qu'il semble être indispensable de faire, c'est le marché de Tarabuco, la ville du nom de la même culture, réputé pour ses tissages. Toutes les agences du coins proposent le trajet car les transports publiques pour y aller ne sont pas forcement évident à attraper, et c'est encore plus difficile pour le retour suivant l'heure.
On devait initialement le faire avec Condor Trekkers sur 2 jours (rando le samedi jusqu'au village, nuit chez l'habitant et marché le dimanche) mais avons annulé pour assister au défiler de la rentré Universitaire le samedi.
Nous sommes donc arrivé dans ce village avec le flot de touristes. Nous sommes également des touristes, mais nous ne nous sentons pas du tout à l'aise au milieu de certain d'entres eux, le genre petit mocassins, short Ralph Laurent et l'attitude caractéristique de se sentir supérieur au monde ... Ça colle au Ritz mais ici c'est vraiment inapproprié.
Nous en profitons pour un petit coup de gueule sur le malin plaisir de certains touristes à négocier les prix, à outrance. Il y a plus ou moins la possibilité de négocié les prix sur un marché comme ça, ça fait parti du jeu et l'on sait qu'à la vue d'une tronche de blanc les prix montent un peu. Cependant nous trouvons indécent de chercher à diminuer coûte que coûte par 2 le prix d'un objet d’artisanat, alors que celui-ci représente le prix d'un café à Paris pour l'acheteur et qu'il représente 3 repas pour le vendeur. C'est exactement le genre d'attitude qui fini par biaiser totalement le rapport entre le touriste et les locaux. Négocié fait effectivement parti du jeu, mais tout est une question de mesure. Le plus dérangeant c'est qu'il nous a semblé que les plus "agressifs" dans les négociations sont ces touristes qui voyagent en all-inclusive, à des prix surement très supérieurs aux prix du pays et dont l'argent s'arrête dans les mains des Agences. Dans ces conditions il faut bien à un moment où à un autre considérer partager un peu sa bourse avec les gens qui vivent dans le pays que l'on visite non ? Surtout dans des pays où le niveau de vie est tellement plus bas que le notre, il nous semble important de considérer le tourisme comme un moyen de participer à l'économie locale. Sinon il s'agit purement et simplement de faire du voyeurisme de pauvres.

Cet aspect a un peu ternis notre dimanche matin dans ce village et nous avons au final prix bien plus de plaisir à flâner dans les parties alimentaires et des produits de tous les jours, où les locaux viennent faire leurs achats. On y sentait les odeurs des plats qui mijotent, des étales de fruits et d'épices, mais également des intestins et des museaux de bovins en vente pour certaines recettes. Drôle de mélange olfactif ! Il nous a semblait être un peu plus dans la réalité du lieux que dans la parti des tissages (qui proposent néanmoins de très beaux produits).

                                          Museau, queue de vache, tripes ?       Tarabuco - Petite pause déjeuner
Nous arrivons au terme de notre séjour à Sucre. Il nous reste encore deux jours de rando à faire demain et ensuite nous prenons l'avion pour Rurrenabaque, en Amazonie Bolivienne. 
Sucre aura été une expérience très agréable et reposante, nous garderons un doux souvenir du temps passé ici, ça semble certain, tant au niveau du lieu que des rencontres que nous avons fait. Nous sommes installés dans le patio de l'Auberge, baigné de soleil, encore une belle étape en Bolivie.




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